3. Les Hauts Reculés

Quand Dreanyth raconte son histoire, je ne peux m'empêcher de rire malgré le froid et l'horreur. Un rire clair, un peu trop fin et un peu trop aigu, que je fais vite taire en fronçant les sourcils et en regardant au sol pour ne pas perdre les traces.

"Sur le moment, je dois avouer que l'humour n'était pas vraiment là ... mais en y repensant c'est sur que c'était le bon temps"

Le sourire sur mon visage était devenu légèrement triste avant de continuer comme pour masquer

"N'empêche ca a été ma première formation au combat haha"

Il vous faut parler plus fort qu'à l'accoutumée, vos paroles étant balayées par les bourrasques et et le reste étouffé par la neige collante.

Toutefois, des cris retentissent dans la forêt ! Il vous semble entendre comme des appels poussés par desvoix rauques et des rires grossiers. Vos oreilles vous joueraient des tours ?
Non, une brève sonnerie de cor fêlé retentit plus nettement alors que sur l’un des côteaux de lavallée, vous devinez plus que ne voyez quelques petites silhouettes courant entre les flocons et les troncs du sous-bois.

"Comme tu dis, rien de tel qu'une taloche de la ma mère pour te donner envie d'éviter la prochaine. Et survivre à 10 furies aussi violente qu'elle alors qu'on est que 4 apprend pas mal en strat..."

Cessant de parler dès que le cors se fait entendre, je fonce vers la silhouette, toujours l'épée en main

Esendil, bien qu'ayant esquissé un sourire en écoutant les anecdotes de Dreanyth, ne s'est pas départi de son air sombre de tout le trajet, pressant le pas et, de fait, marchant en tête du groupe.

Lorsque le cor se fait entendre, son ardeur semble encore augmenter et c'est en courant qu'il se dirige vers les silhouettes.

Lorsque le bruit du cor retentit je me fige, tentant de discerner ce qui se passe et qui sont ces hommes. Cependant, voyant Dreanyth et Esendil partir en courant je ne peux m'empêcher de maudire leur inconscience à voix basse. C'est donc dans une attitude mi figue mi raisin que je les suis, arme à la main.

Aussi preste que le vent, je cours aussi vite que lui...

Comment ça c'est impossible ?

Ok je corrige :

Je cours mais pas directement vers la source du bruit, je décris un quart de cercle pour arriver par un autre point d'attaque, et peut-être surprendre les potentiels ennemis.

La neige brouille la vision, le vent rugit comme un fauve furieux. N'écoutant plus que votre courage, pourtant mis à rude épreuve, vous foncez "tête baissée" vers l'ennemi ! Ysériel, tout en finesse, prend une autre direction pour prendre cet ennemi encore invisible sur le flanc.

Soudain, un changement de direction a lieu dans le bois et les silhouettes prennent votre direction.

Les poings serrés sur la poignée de votre épée, hache ou arc, vous vous attendez à la confrontation...

... mais contre toute attente, c'est un jeune hobbit rondouillard, le souffle court, le visage écarlate, visiblement affolé qui surgit devant vous. Mais derrière lui, à une dizaine de pas, le traquent cinq gobelins voûtés et un orque trapu.

La surprise est totale pour tous et encore plus pour eux.

Vous avez donc l'initiative.

"Petit, reste derrière nous !"

Empoignant fermement mon épée, je fonce sur le premier gobelin pour lui faire tater l'acier d'Alderoan d'une bonne taille horizontale

Une flèche, une seconde, je tire aussi vite que le vent ne souffle...

Toujours pas ?

Bon...

Je vise un des orques et je tire. Puis je recommence. Sans qu'une once de pitié ne vienne faire tressaillir mes gestes.

Le visage d'Esendil se tort en un masque de rage et de haine viscéral à la vue des créatures.

Il s'arrête à bonne distance, laissant Dreanyth et Hawg prendre la première ligne, avant de viser l'orque froidement et posément, prêt à tirer flèche après flèche jusqu'à ce que la bête immonde s'écroule transformée en pelote d'épingle. Pas de finesse, il vise pour toucher, et tire pour transpercer et tuer.

-POUR LES NAINS!

Mon cris de guerre raisonne dans ma gorge alors que j'accélère ma charge sur L'orc en vue de lui asséner un premier coup le plus violent possible.

Tout se joue très vite. Le jeune hobbit vous dépasse et disparaît de votre champ de vision.

Dreanyth et Hawg avancent au corps à corps et, d'un coup rageur, terrassent chacun un gobelin.

L'orque n'a pas le temps de réagir que déjà deux flèches viennent le perforer, une à la jambe, l'autre à l'abdomen. Le sang coule mais il ne tombe pas, bien que chancelant.

La peur se traduit par des grimaces sur le visage des trois gobelins restant. Ils ne demandent pas leur reste et cherchent à s'enfuir, désordonnés, chacun de son côté. Quant à l'orque, il sait qu'il va mourir mais cela ne paraît pas le gêner outre mesure. Il agrippe fermement sa masse énorme et s'avance vers Hawg.

Je tire sur les fuyards, afin de leur laisser quelques souvenirs, laissant l'homme et le nain s'occuper de l'orque, doutant qu'ils aient besoin d'aide.

Je dépasse l'orc, empoigne la dague dans ma botte et la lance sur l'un des fuyards. Pas de pitié pour les sang noirs

Ysériel abat froidement un gobelin en fuite tandis que la dague de Dreanyth manque, elle, sa cible.

Dans le dos d'Esendil, le rôdeur sent la présence de quelqu'un mais il comprend vite qu'il s'agit du hobbit qui reprend son souffle.

Un combat de brute commence entre l'orque et le nain. Ce dernier, plus rapide et agile a les faveurs d'Aulë et évite soigneusement les coups puissants portés par l'orque blessé. Il en profite pour donner un premier coup très violent et lui tranche net la jambe.
Dans un grognement et un jet de sang souillant la pureté de la neige fraiche, l'ennemi s'écroule et hurle.

Je vais récupérer ma dague avant de revenir vers le hobbit

Si un autre orque est encore en vue je prends mon temps pour viser et je tire...

Sinon je rejoins aussi le hobbit.

L'échauffourée n'aura duré que quelques minutes et la fuite précipitée des deux derniers gobelins est absorbée par la forêt.

Aux pieds de Hawg, l'orque n'est plus loin du trépas, les yeux dans le vague.

Le jeune hobbit s'est approché timidement et après avoir dévisagé Esendil, s'est rapproché à pas prudents.

Alors qu'il allait parler, un cri strident caractéristique d'un gobelin retentit dans la direction où les deux créatures se sont enfuies. Puis, le calme feutré de la vallée repose sa couverture.

Me redressant, je lève haut ma masse d'arme avant d'achever cet ennemis blessé.

Je regarde Hawg achever l'orque avant de cracher sur le cadavre et de rejoindre l'ancien et le hobbit. J'essuie ma lame avant de la remettre dans mon fourreau.

"Hey petit homme, si tu nous expliquais comme tu as fait pour te retrouvé poursuivit par des orques et gobelin en pleine Comté"

Le hobbit, quelque peu rassuré, se rapproche encore un peu.
- Hé bien merci Messires ! Vous m'avez sauvé la vie ! Sans vous, je ne serais plus de ce monde et ma mère aurait probablement succombé à sa peine. Peut-être même mon père aussi d'ailleurs. Oui, vraiment, encore merci pour votre intervention ! Sans vous, ces bestioles m'auraient certainement découpé et jeté dans leur marmite et mangé en ragoût.
Je me demande quel goût je peux bien avoir.

Il hausse les épaules et repart de plus belle.
- En tout cas, je suis encore en vie et c'est grâce à vous. Bien sûr, c'est aussi parce que je cours vite mais on ne peut nier votre aide ! ...

Un vrai moulin à paroles dont le flot ne semble pas se tarir.

(Autrement dit, il n'arrête pas tant que vous ne le coupez pas.)